Amber est quelqu'un de relativement froid et distant au premier abord. Et même au second en fait. Ça, c'est un fait indéniable. Un véritable glaçon. Il faut attendre le troisième ou quatrième abord pour qu’elle veuille bien augmenter sa température interne. Non pas qu’elle soit méchante. C’est juste qu’il faut qu’elle connaisse les gens pour apparaître telle qu’elle est vraiment. Douce et attentive. Mais il faut prendre le temps de la connaitre pour ça.
Que ce soit avec des collègues, sa famille ou des amis, on peut également affirmer qu'elle est râleuse, mais pas tout le temps non plus, médisante par moment. Mais attention à ne pas confondre ça avec du mépris. Ni avec du snobisme. Elle risquerait de vous en vouloir, mais pas longtemps, elle n’est pas rancunière. Mais la jeune femme est surtout … cynique. Aaaah, le cynisme ! Elle s'y donne avec grand plaisir à longueur de journées. Un véritable sport pour elle. Personne n'y réchappe. Vraiment personne. Surtout si vous lui tapez sur les nerfs. D’autant plus si vous la prenez pour une imbécile. Ce qu'elle n'est pas. Amber dispose d’un sang-froid et d’une maîtrise de soi à -quasi- toutes épreuves. Cependant, en la cherchant un peu vraiment beaucoup trop, vous risqueriez de la trouver … et dans ce cas, elle répliquera quelle que soit la situation dans laquelle elle se trouve. Ce qui n’est pas forcément très bon pour vous.
Paradoxalement, c'est dans sa nature de prendre soin des autres et elle ne laissera jamais tomber quelqu'un. Tous ses collègues vous le diront. Même un parfait inconnu qui serait tombé dans la rue. De plus, on aura beau lui reprocher tant qu'on voudra d'être froide et distante, mais elle exerce son métier avec beaucoup d'attention, elle tient à ses malades sans que ça y paraisse (non, en fait, c'est juste qu'en cas de décès, il faut remplir de la paperasse et elle déteste ça …).

Ce qu’elle déteste par-dessus tout, le racisme, l’intolérance et l’irrespect des idéaux des autres. Selon elle, on est tous libre de croire en qui ou en quoi nous voulons. Elle n’aime pas non plus les gens malpolis et imbus d’eux-mêmes. Amber ne supporte pas trop non plus qu’on se permette de lui donner des conseils sur les soins à apporter à ses patients. Si c’est un collègue, elle acceptera sans broncher. Si c’est une personne qui n’a rien à voir avec ça, elle se montrera d’autant plus froide et cassante.
Sinon, elle aime aussi beaucoup de choses mais surtout quelques personnes. A commencer par Sôseki et Hisae, ses parents, Kaemon et Iwao, ses frères ainsi que Pierre, Danny, Nola et François, quatre amis qu’elle a rencontrés en fac de médecine. Elle tient à eux plus que tout et ferait n’importe quoi pour eux.

La demoiselle ici présente est une jeune femme tout ce qu’il y a de plus normale. Enfin, tout dépend de la notion de normalité. Svelte et élancée de part un soin quotidien apporté à son enveloppe corporelle, cette dernière mesure 1m76. Taille variable selon la paire de chaussures qu’elle aura aux pieds. Allant avec ceci, un poids correct, ni surpoids ni anorexie, de 68 kg. Un petit morceau d’humanité donc.
Les soins en question tiennent dans une alimentation équilibrée mais surtout dans la pratique régulière de quelques activités physiques : tai-chi, taekwondo, escalade. Tout ça la musclant joyeusement sans en faire une montagne de muscles bodybuildée aux anabolisants.
Comme la plupart des gens peuplant la terre, elle dispose de deux yeux. Ces derniers ont une jolie forme en amande et sont bleus. Ils sont agrémentés de cils relativement longs naturellement qu’elle n’embarrasse pas de mascara. Sauf exception, mais au quotidien, jamais. Par contre, une petite pointe d’eye-liner est de rigueur quelle que soit l’occasion.
Ses cheveux sont raides et noirs. Si elle veut des boucles, il lui faut sortir le fer adéquat … et c’est une perte de temps qu’elle n’accepte que de façon ponctuelle. Comme pour le mascara. De manière générale, elle privilégiera le naturel. De plus, elle ne les a jamais plus longs que la hauteur des épaules pour ne pas être emmerder dans son boulot. Autrement, elle les attachera pour ne pas les avoir dans les yeux : chignon la plupart de temps. Fantaisie si l’envie la prend.
Sa peau, douce au toucher, est un peu plus claire que la normale, tirant même un peu sur le laiteux. Mais rien de bien distinctif et ce n’est pas un symptôme d’une quelconque maladie non décelée.
Si Amber ne possède aucune cicatrice, elle s’est fait tatouer un petit scorpion sur son épaule droite et possède un piercing, simple et noir, sur la narine gauche.
Que ce soit la santé physique ou mentale, tout roule comme sur des roulettes. Ha, on peut éventuellement mentionner le somnambulisme …

Mercredi 31 Octobre 1981. 5h26. Seattle. Après la douleur et les cris, une mère rejette d’un ton catégorique sa fille qui vient de naître.
« Je n’en veux pas !
- Comment souhaitez-vous l’appeler ?
La jeune mère marqua un blanc, semblant réfléchir à cette question. Un rictus déforma ses traits.
- Appelez-la Amber.
Si ce prénom lui inspirait autant de dégoût, c’est parce qu’il était celui de sa propre mère. Femme qu’elle avait détestée.
- Vous ne voulez pas la prendre ?
- NON ! Faites-la disparaître de ma vue ! »

Rien n’aurait pu être aussi clair que le dégoût affiché par la femme à ce moment-là et personne n’insista, se mettant d’accord pour confier le bébé à une assistante sociale qui la placerait surement en foyer d’accueil. Et puis, en théorie, elle aurait vécue au gré des changements. Triste vie. Mais parfois, certains naissent sous une bonne étoile.
Un des médecins présents dans l’hôpital, le Japonais Sôseki Kaiso, faisait simplement une garde de nuit. Il était en ville pour avoir suivi la conférence d’un confrère. Il avait entendu le rejet de la mère qui, il faut bien le dire, n’était pas vraiment passé inaperçu. C’est assez triste qu’il vit passer la sage-femme avec le bébé dans les bras. Il hésita … 3 secondes puis attrapa rapidement son téléphone. Il composa le numéro de chez lui et ne laissa même pas le temps à sa femme de se présenter.
« Hisae, il faut que je te parle.
- Sôseki ? Tout va bien au moins ?
- Oui oui, ne t’en fais pas. Il faut juste que je te parle de quelque chose … »

Et c’est comme cela que les démarches administratives pour l’adoption commencèrent. Procédure longue et harassante. Mais les futurs parents sont des gens plus que patients. Alors ils prenaient leur mal en patience, continuant leur vie sans oublier la petite Amber.

Samedi 23 Novembre 1982.
Il aura fallu un peu plus d’un an pour que la procédure aboutisse. Alors Sôseki retourna à Seattle pour aller chercher celle qui maintenant était sa fille. Sur le chemin du foyer d’accueil, il vit une petite boutique de bijoux. L’un d’eux attira son attention. Un pendentif composé … d’ambre. Il n’hésita pas et poussa la porte du magasin pour l’acheter. Satisfait de son achat, il reprit la route du foyer. Après discussions, le médecin pu partir avec la petite Amber endormie dans ses bras et le peu de possessions qu’elle avait dans un sac qu’il portait en bandoulière. Le trajet Seattle-Tokyo se passa sans encombre, l’homme étant habitué des voyages. Quant à l’enfant … dormir paisiblement fut la seule occupation qu’elle exerça pendant ce vol. On avait rarement vu plus calme. Il en profita pour lui passer le pendentif autour du cou en souriant.

En soirée. Après un petit tour de taxi liant l’aéroport à sa résidence …
« Chérie, les enfants, je suis rentré … »

L’annonce fut suivie d’un brouhaha sonore qui s’intensifiait rapidement. Hisae, qui était dans la pièce attenante, arriva d’un pas calme et serein, souriant à son mari qu’elle embrassa une fois à ses côtés.
« Tu as fait bon voyage ?
- Impeccable, pas le moindre problème durant le vol. Qu’il soit lié à la météo ou bien à elle … »

La jeune femme se recula un peu pour voir sa nouvelle fille dont elle replaça une mèche de cheveux.
« Alors c’est elle ?
- Oui …
- Elle est encore plus jolie que sur les photos que tu m’as fait parvenir … »

Le couple s’était décidé rapidement pour l’adoption et ils étaient plus que ravis d’accueillir un nouveau membre chez eux, même si elle n’était pas de leur sang. Pour eux, cela n’avait aucune importance. Ils l’aimeraient comme si elle était leur propre fille biologique.

« Papaaaa ! »

Ceci était le cri de joie de deux petits garçons de respectivement 8 et 6 ans, plus qu’heureux de revoir leur père après une semaine d’absence. Les voyants déboulés à toute vitesse, leur mère les calma avec tendresse.
« Kaemon, Iwao, doucement … vous allez la réveiller … »

Écoutant leur maman, ils arrivèrent à petits pas, gardant le sourire aux lèvres. Ils savaient très bien de qui elle parlait. Dès que Sôseki et Hisae avaient pris la décision d’adopter Amber, ils en avaient tout de suite parlé à leurs fils en leur expliquant pourquoi ils faisaient ça. Même s’ils étaient jeunes, ils avaient bien pris le temps de leur faire comprendre -ou essayer en tout cas- que la différence qu’il y aurait entre eux et elle serait uniquement le sang qui coulait dans leurs veines. Et rien d’autre. Arrivés à hauteur de leurs parents, les deux petits garçons regardèrent directement vers le bambin que tenait leur père. Ce dernier s’accroupit alors pour qu’ils puissent mieux la voir.
« C’est elle notre petite sœur ? demanda Kaemon
- Oui, c’est elle.
- Elle s’appelle … commença Iwao
- Amber ! répondit son frère
- Oui. C’est bien ça. confirma Hisae
- C’est trop trop joli … »

Un hochement de tête vigoureux de la part d’Iwao montra qu’il était clairement d’accord avec son frère. Hisae, souriante, s’éclipsa alors sans faire de bruit. C’est à ce moment que la nouvelle venue décida d’ouvrir les yeux, provoquant un "Oooooh" surpris de ses nouveaux frères.
« Elle a les yeux bleus ! »
Réaction logique quand on savait que tous les Kaiso les avaient noirs.
« Oui. Mais on vous l’avait dit avec Maman, vous vous souvenez ?
- Oui oui ! Mais ça fait trop bizarre de le voir en vrai ! »

Les deux petits étaient admiratifs devant elle. Quant à Amber, elle les regardait en esquissant un sourire, gazouillant doucement provoquant un sourire plus grand encore chez eux. C’est cet instant que choisit d’immortaliser Hisae à l’aide de l’appareil photo qu’elle était partie chercher. La première photo de tous ses enfants réunis. La première d’une très longue série. Tendrement, elle les congédia.
« Allez hop, Kaemon, Iwao, rejoignez vos lits …
- Mais M’maaaaaaaan ! On veut jouer avec elle !
- Tutut. Vous jouerez avec elle demain …
- Pffff !
- Ecoutez votre mère les garçons … on jouera ensemble demain.
- Tu ne travailles pas demain ? »

Sôseki acquiesça en souriant tandis que ses deux fils sautaient de joie sur place. Puis ils commencèrent à partir, prêts à retourner dans leur chambre quand leur père les interpella une nouvelle fois.
« Kaemon, Iwao … vous promettez de toujours veiller sur elle et de la protéger en cas de besoin ? »

Les deux petits garçons se regardèrent puis se tournèrent vers leur papa en souriant.
« Évidemment !
- C’est notre petite sœur !

Les parents ne purent que sourire devant la réponse de leurs fils qu’ils laissèrent aller se coucher. Le médecin se redressa, content d’être rentré. Sa femme embrassa sa joue puis le front de sa fille.
- Au fait …
- Hm ?
- Bienvenue à la maison. A vous deux … »

C’est ainsi qu’Amber arriva chez elle, provoquant joie et bonheur. Son enfance se déroula sous le même auspice : dans la joie et le bonheur. Ses frères et ses parents seront toujours présents, jamais elle ne souffrira de leur absence. Ni d’un trop plein de leur présence. Elle est aimée et ça se voit. A l’école, elle est attentive et appliquée, écoutant ses professeurs sans faillir, travaillant sans souci. Elle ne se lit pas vraiment aux autres. Non pas qu’elle les ignore mais elle préfère largement jouer chez elle, avec ses frères Kaemon et Iwao. Quant à eux, ils honoraient la promesse qu’ils avaient faite, à savoir, veiller sur elle. A l’âge de 10 ans, elle les suivra au cours de Taekwondo sans hésiter. Comme eux, elle reçoit la même éducation basée sur un système simple : quel que soit ton interlocuteur, respecte-le et tu le seras en retour, même si c’est un ennemi.

Amber continue de grandir au sein de la même famille aimante. Elle développe son cynisme auprès de ses frères. A eux trois, personne ne résiste. Hormis leurs parents. Sans problème, vient la période du lycée. Elle sera inscrite dans une école pour filles. Elle sera un peu plus froide et distante. Même si cela ne l’empêche pas d’avoir des amies. La jeune fille sera toujours aussi bonne élève sans faire véritablement beaucoup d’efforts, ayant une bonne mémoire, qu’elle soit visuelle ou auditive. C’est pour cela qu’elle se permettra de prendre Français en LV1 et Grec en LV2. D’ailleurs, ses capacités provoqueront quelques jalousies.

Un jour quelconque, alors qu’elle discute avec ses amies, elle est bousculée par une autre élève.
« Je crois que la fayotte n°1 t’en veut parce que tu as été mieux classée qu’elle au dernier partiel …
- Qu’est-ce que j’en ai à faire ? Je me fiche éperdument de savoir ce que des gens qui m’indiffèrent pensent de moi.
- …
- …
- Tu sais … si t’étais pas aussi médisante, tes capacités intellectuelles te permettraient d’être une élève modèle toi aussi …
- C’est bien vrai ça …
- Oh la ferme ! »

Mais les jalousies, Amber n’en a strictement rien à cirer. Surtout si elles proviennent de personnes qu’elle n’estime pas. Cela lui passe littéralement au-dessus. Elle n’est pas du genre à se prendre la tête pour ça. Elle n’aime pas trop non plus qu’on la complimente. Le temps passe et elle ne change pas. Elle traine toujours plus avec ses frères qu’avec des gens de son âge. Elle les accompagne même quand ils vont voir des combats de catch. Ce qui les étonne mais ils ne diront rien, ravis d’avoir leur petite sœur adorée avec eux.
Puis un jour, elle assiste, en rentrant chez elle, à un accident de voiture. Tout en appelant les secours, elle court vers un des blessés pour commencer à administrer les premiers soins qu’elle connait. Et là, c’est le déclic pour elle. Déjà qu’elle aime s’occuper des gens, devenir médecin lui permettrait d’en sauver davantage. C’est ce jour-là que sa résolution de faire le même métier que son père fut prise. Et elle n’en démordra jamais. Obtenant avec une facilité insolente son diplôme, elle enchainera avec la faculté de médecine.
Elle aurait pu choisir une faculté de Tokyo. Mais non. Mademoiselle aime les défis et le changement. C’est bien pour ça qu’elle s’inscrira dans une des facultés parisiennes. N’ayant pas de soucis financiers, elle se trouvera un petit appartement non loin de ladite faculté. C’est pour supporter la pression qu’elle se mettra au tai-chi, n’oubliant pas pour autant le taekwondo. C’est d’ailleurs à cette même fac qu’elle rencontrera non seulement sa meilleure amie, Nola, mais aussi trois jeunes hommes qui comptent toujours énormément pour elle : Danny, François et Pierre. Cependant, même si, étrangement, sa relation avec ces trois-là débuta plus que facilement, les débuts avec Nola étaient loin d’être gagnés. Cette dernière prenant un malin plaisir à l’embêter gentiment. Notamment pour l’organisation du bal de Noël. La jeune femme était alors représentante de la promotion. Elle était d’office désignée comme présidente du comité d’organisation.

« Alors Tomita, vous avez quelqu’un à recommander ?
- Effectivement. Comme vice-président, je propose Kaiso.
* HEEEIN ?! Pourquoi moi ? J’ai pas envie !!! *
- Ce serait une charge trop lourde pour une égoïste comme elle, toujours tournée vers elle-même …
- J’estime au contraire qu’une personne capable de se gérer elle-même est d’autant plus qualifiée pour s’occuper des autres. De plus … elle est du genre à ne jamais laisser tomber quelqu’un …
- C’est vrai au fait … on dira ce qu’on voudra mais Amber prend quand même bien soin de nous … continua François
- Pour sûr, je suis d’accord … confirma Pierre
- Elle râle tout le temps, mais en fin de compte, elle s’occupe toujours de nous … affirma Danny
* Vous aussi vous vous liguez contre moi ?! *
- Ha ha ! Toutes les expériences sont bonnes à prendre ! Kaiso, tu as le poste !
* … Je me suis faite avoir … *

Et puis, comme l’avait si bien dit Nola, Amber ne laissera rien ni personne tomber, remplissant son rôle de bras droit avec brio. C’est lors de cette même organisation que les deux jeunes femmes se rapprocheront. Les garçons en seront témoins.

« Depuis un petit moment, elles s’entendent à merveille ces deux-là … J’aurais pas cru …
- Il faut dire que Amber gère tout ce qui concerne la promo comme pas deux …
- Elle n’en a pas l’air, mais elle aime vraiment s’occuper des gens. »

On peut affirmer que c'est à partir de cette période-là qu’ils formeront un groupe des cinq des plus détonants. Et aussi qu’ils ne se quitteront jamais. C’est sans le moindre problème qu’ils continueront leurs études, étant toujours là les uns pour les autres sans jamais hésiter ni douter. Chacun d’entre eux décrocheront haut-la-main leur diplôme. Chacun choisissant une branche particulière de la médecine. Pierre deviendra diagnosticien, Danny chirurgien, Nola neurologue tandis que François s’orientera dans la recherche. Quant à Amber, elle fera ce qu’elle avait dit. Comme son père. Médecin généraliste. Cependant, alors que lui officie dans un petit cabinet, elle choisira la voie hospitalière. Et dans la foulée, elle obtiendra une licence de kiné. Ses parents adoptifs et ses frères sont très fiers d’elle.
Après des années passées dans la capitale française, elle n’a cessé de s’améliorer, devenant un médecin réputé. Un jour, alors qu’elle rentre chez elle après une journée pas forcément très facile, elle reçoit un étrange coup de fil. On lui propose un nouveau poste. Au Japon. Au Nord-Est. Dans un établissement de redressement. Proposition à prendre ou à laisser.
Par curiosité et envie de nouveauté, Amber décidera de quitter son appartement et ses fonctions pour aller s’installer là-bas, même si elle ne sait pas encore ce qu’elle va y trouver. Mais la jeune femme aime le changement. Pour le meilleur et pour le pire.

3 ans et demi plus tard …

En l’occurrence, c’était pour le meilleur et non pour le pire puisqu’elle y est toujours. Cela aurait pu mal tourner, mais non. Presque ça a failli mais au final, même pas. Déjà 3 ans et demi que la jeune femme a quitté la France et son hôpital parisien pour revenir au Japon. Si elle craignait de s’enfermer dans une routine, elle s’était largement fourvoyée. Avec des élèves qui possèdent des pouvoirs aussi divers que variés, l’ennui est impossible. Surtout quand ils sont une belle bande bras cassés. Il parait que ça met de l’ambiance.
Pendant quelques mois, elle officiera dans une maison de redressement. Et puis, tout changera. Pas forcément dans le bon sens du terme. Encore une histoire d’intolérance … et ce sera le déménagement complet. Même les petits moutons de poussière seront emportés. Direction, l’île de Shima, située à l’Est du Japon. L’île ? Il n’y a qu’eux dessus. Qui ça eux ? Et bien tous ceux qui ont des pouvoirs bien loin d’être normaux. Les élèves qui n’en sont plus, des petits nouveaux, des jeunes gens … ils sont là. Pour leur sécurité officiellement. Pour celles des simples êtres humains en ce qui concerne certains des insulaires. Et officieusement, c’est une autre histoire …
Et elle, qui n’a pas de pouvoir, si ce n’est celui de refroidir les gens par un simple regard glacial, qu’y fait-elle et comment y est-elle arrivée ? Facile : elle fait partie des rares personnes ayant obtenu la dérogation spéciale pour devenir insulaire et maintenant son passeport présente le sceau qui l’autorise à aller et venir. Quant à son boulot … et bien, il n’a pas véritablement changé : elle continue de soigner les corps. Présente dans l’infirmerie de l’Institution ou parfois à l’hôpital du centre-ville, elle y soigne les insulaires qui en ont véritablement besoin. Ce n’est toujours pas la peine de compter sur elle pour avoir un arrêt de travail bidon ou pour manquer un entrainement quelconque sous un prétexte fallacieux.
Toujours aussi froide, cassante et cynique, le seul changement notable réside dans les relations qu’elle peut avoir avec certains des insulaires. Dante, bien que toujours son supérieur hiérarchique, est devenu un ami proche qu’elle n’hésite pas à emmerder pour le simple plaisir de le faire. Tamara est devenue une très bonne amie aussi. Il parait qu’un accouchement, ça rapproche … même si ça ne fait pas tout. Quant à Kageri, elle aussi a gravi les échelons pour passer du statut de simple collègue à amie proche sur un pied d’égalité médicalement parlant. De manière générale, la Tokyoïte s’entend assez bien avec les jeunes gens de sa génération. Les anciens pensionnaires de la maison de redressement … bien qu’ils aient grandis maintenant … et bien, pour elle, ce sont toujours des gosses. Et rien de plus en fait. Cela dit, il y a bien une exception qu’elle n’avait pas vu venir : Julian. Une relation fraternelle … c’était loin d’être gagné et pourtant. C’est bien là qu’ils en sont aujourd’hui, s’appréciant et se charriant quand ils se voient. Probablement grâce à leur caractère semblable.
Dans tous les cas … Amber s’est plutôt bien adaptée à sa nouvelle vie, n’oubliant pas pour autant ses parents, ses frangins autant et ses quatre meilleurs amis … piliers de son univers qu’elle aime toujours autant si ce n’est plus.